Geckos exotiques envahissants​

Dynamique d'invasion et impact des espèces de geckos exotiques envahissantes dans les Antilles françaises

Gecko nain

Le Gecko nain (Lepidodactylus lugubris) a récemment été introduit en Guadeloupe, où il a rapidement prospéré dans le milieu urbain, notamment grâce à sa reproduction par parthénogenèse qui lui confère à l’espèce a un fort pouvoir de colonisation. Bien que cette espèce ait également été introduite dans d’autres régions du monde, son impact sur les espèces autochtones reste mal connu. En outre, si sa distribution actuelle en Guadeloupe se limite aux sites fortement anthropisés, les données issues d’autres milieux insulaires indiquent que l’espèce peut aussi coloniser l’habitat naturel où son impact écologique pourrait être plus sévère.
Gecko_nain

Projet de recherche

  • Présence et abondance de l’espèce : les recherches viseront dans un premier temps à documenter la présence et l’abondance relative de l’espèce dans l’espace urbain et dans les milieux naturels de Guadeloupe, notamment dans les zones de mangrove qui constituent un habitat naturel de l’espèce dans son aire géographique d’origine. Pour cela, un programme de sciences participatives associant les étudiants de l’Université des Antilles, permettant d’augmenter de façon significative la pression d’observation.
  • Reproduction et interaction avec les espèces autochtones : des études sur le terrain et en conditions expérimentales seront conduites pour documenter les variations saisonnières dans l’activité reproductrice, et estimer le degré d’interaction du gecko nain avec les espèces de reptiles autochtones.

Gecko Tokay

Le Gecko Tokay (Gekko gecko) a été introduit dans les années 60 en Martinique et plus récemment en Guadeloupe. Cette espèce dispose d’un potentiel invasif élevé grâce à sa longue durée de vie (jusqu’à 10 ans en captivité), son mode de vie territorial et son régime alimentaire vaste constitué d’invertébrés (insectes et araignées) mais aussi de vertébrés (autres geckos, lézards, souris, oisillons et serpents). Sa forte agressivité fait du Gecko Tokay une menace potentielle pour d’autres espèces de reptiles en Martinique et en Guadeloupe, tels que le Thécadactyle à queue turbinée, Thecadactylus rapicauda, une espèce de gecko autochtone qui subit la prédation des juvéniles et une compétition potentielle pour les ressources. En outre, le gecko Tokay est porteur de parasites (salmonelles et bactéries résistantes aux antibiotiques) potentiellement transmissibles à l’homme et à d’autres espèces animales. Sa prolifération dans les Antilles françaises et sur d’autres îles alentour pourrait donc avoir des impacts importants sur la faune locale au travers des interactions compétitives et prédatrices et la transmission de maladies et/ou de parasites.
Tokay Gecko (Gekko gecko) on white background.

Projet de recherche

  • Suivi démographique : Le suivi de l’essor démographique des populations en Martinique s’effectuera par Capture-Marquage-Recapture dans des zones bien délimitées où la présence de l’espèces est avérée, ainsi que par l’utilisation d’enregistrements acoustiques des vocalisation des mâles. Ceux-ci émettent en effet de puissantes vocalisations pour défendre leur territoire et attirer les femelles pendant la période de reproduction.
  • Capture des individus : la possibilité d’attirer les individus en émettant les vocalisations typiques de l’espèce afin d’en faciliter la capture sera évaluée sur le terrain.

Lezards anoles exotiques

Impact des lézards anoles exotiques dans deux îles des Petites Antilles anglophones

Dans les iles de la Dominique, Sainte Lucie et Saint Vincent et les Grenadines, plusieurs espèces de lézards anoles exotiques ont été introduites depuis une vingtaine d’année. L’anolis de Porto-Rico, Anolis cristatellus, pose une préoccupation majeure à la Dominique, notamment du fait de son caractère très agressif qui a joué un rôle dans le déclin récent de l’espèce autochtone A. oculatus. Fin 2020, l’espèce invasive A. roquet, provenant de Martinique, a également été identifiée à la Dominique. Par ailleurs, trois espèces d’anoles exotiques, A. extremus (originaire de la Barbade), A. watsii (originaire d’Antigua) et A. sagrei (originaire de Cuba), ont été récemment introduites à Sainte Lucie, et menacent potentiellement l’espèce locale, A. luciae. Enfin, à Saint-Vincent, les deux espèces d’anoles endémiques A. griseus et A. trinitatis font aussi face depuis quelques années à l’introduction de l’espèce A. sagrei

Le fort potentiel invasif d’A. cristatellus a été avéré dans plusieurs localisation, y compris à la Dominique. Les connaissances actuelles ne permettent pas de prévoir la dynamique d’expansion des quatre autres espèces d’anoles introduites, ni de prédire leurs interactions entre elles et avec les espèces autochtones. Ces connaissances sont indispensables à un contrôle des invasions biologiques et au maintien de la biodiversité dans les Petites Antilles. 

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Projet de recherche

  • Dynamiques d’invasion et impact sur les espèces natives : un suivi régulier basés sur la méthode de capture-marquage-recapture permettre de mieux comprendre les dynamiques d’invasion des espèces invasives d’anoles, et leur impact sur les espèces natives. 
  • Distribution et niche écologique : le suivi permettra également d’établir la distribution des espèces d’anoles sur les îles étudiées, et de déterminer leur niche écologique (habitat, température, altitude, régime alimentaire)
  • Caractéristiques morphologiques : les mesures effectuées durant le suivi permettront de déterminer les caractéristiques morphologiques des espèces, afin d’établir des scénarios de présence/absence des espèces invasives et natives dans les différentes îles. 
  • Coexistence entre les espèces : en parallèle des caractéristiques morphologique, la quantification des infections parasitaires et l’étude des interactions et variations comportementales sur la base de vidéos réalisées in natura permettront d’avoir une vision globale des mécanismes de coexistence entre les différentes espèces. 

Tortues d’eau douce exotiques

Impact des tortues d'eau douce exotiques du genre Trachemys sur la biodiversité des milieux d'eau douce des Antilles françaises : implications pour la gestion des espèces

Dans les Antilles françaises, deux espèces de Trachemydes sont présentes. L’espèce Trachemys stejnegeri, originaire de Porto-Rico, a vraisemblablement été introduite à l’époque amérindienne. La présence de l’espèce T. scripta est quant à elle beaucoup plus récente, et liée à sa commercialisation en tant qu’animal de compagnie. Les deux espèces ont un régime omnivore et opportuniste, consommant aussi bien des plantes aquatiques que des poissons et des invertébrés. Leur répartition, leur abondance et leur impact sur les écosystèmes d’eau douce nécessitent d’être documentés. 

Projet de recherche

  • Paramètres démographique : l’étude des deux espèces en Martinique et en Guadeloupe permettra d’estimer leur abondance relative, la structure des populations, ainsi que d’autres paramètres démographiques grâce à une méthode de capture-marquage-recapture.
  • Fiabilité des techniques d’investigation : en complément des investigations classiques, la technique de l’ADN environnemental sera testée sur certains sites pour évaluer sa pertinence sur le terrain en regard des méthodes observationnelles et de piégeage.

Iguane vert

Renforcement du contrôle des populations d'iguane vert, Iguana iguana, dans trois îles des Petites Antilles anglophones

Les iguanes vers, Iguana iguana, ont peu à peu envahi les Petites Antilles, menaçant les espèces locales. Les actions mises en œuvre s’inscrivent dans la continuité du cadre du plan national d’action Iguane des Petites Antilles géré par l’Office National des Forêts dans les Antilles françaises. Elles en constituent une extension dans d’autre îles de la Caraïbe (Dominique, Sainte Lucie et Saint Vincent and the Grenadines), qui vise à protéger l’iguane des Petites Antilles, Iguana delicatissima, et deux sous-espèces locales récemment identifiées, Iguana i. sanctaluciae et Iguana i. insularis, face à l’introduction de l’iguane vert, Iguana iguana. Le contrôle des iguanes verts s’effectue en particulier par l’élimination des mâles pendant la période d’accouplement et la destruction des nids et des femelles durant la saison de nidification, notamment grâce à des pièges. 

Iguane