- Nom vernaculaire: Gecko nain, Le Gecko demi-deuil
- Nom scientifique : Lepidodactylus lugubris (Duméril & Bibron, 1836)
- Nom local: Mourning gecko, Common Smooth-scaled gecko
- Ordre : Gekkonidae
- Famille : Squamata
Description
Morphologie. Le gecko nain est un gecko de petite taille, de couleur claire, qui se caractérise par la présence de griffes sur quatre doigts sur cinq (le pouce en est dépourvu), un corps d’aspect lisse, sans tubercules, avec un motif dorsal à base de taches noires symétriques, parfois discrètes, en forme de « V », de « W » ou sous forme de points. La base de la queue est légèrement élargie (HerpMe, Société Herpétologique de France).
Taille corporelle standard (longueur tête-tronc). 33 à 48 mm (Ineich et Ota, 1993; Hoogmoed et Avila-pires, 2015; Sakai, 2016).
Dimorphisme sexuel. Pas de dimorphisme sexuel marqué. Les mâles présentent deux hemipenis, des pores fémoraux, et des testicules externes (Brown et Murphy-Walker, 1996; Saiko et Ota, 1998; Röll et Düring, 2008).
Variations. La couleur du corps d’un même individu peut varier du clair au sombre, selon son état. Aucune variation phénotypique régionale n’est observée.
Confusion possible avec d’autres espèces. Dans les petites Antilles, la confusion est possible avec une autre espèce exotique de gecko, l’Hémidactyle commun (ou gecko des maisons, ou encore mabouya domestique) Hemidactylus mabouia. Cependant, l’hémidactyle commun se distingue par la présence de cinq griffes sur chaque patte (une par doigt), un corps couvert de tubercules, et six rangées longitudinales de tubercules épineux sur la queue (HerpMe, Société Herpétologique de France).
Distribution
Native. Asie: Taiwan, Chine, Archipel des Chagos, Sri Lanka, Inde (et îles Adaman), Seychelles, Myanmar, Ouest-Malaisie (Pulau Pinang, Pulau Tioman), Vietnam, Japon (Ryukyu, Bonin, Ogasawara, Okinawa, Miyako, Yaeyama et Daito), Indonesie (Borneo, Lombok, Sulawesi, Halmahera, Ambon, Kei, Komodo, Flores, Morotai), Philippines (Panay, Luzon, Cebu), Palau, Nouvelle Guinée, Archipel Bismarck, Nauru, îles Salomon, Micronesie (Lukunor Atoll), Fiji, Rotuma, Nouvelle Calédonie, îles Loyauté, Vanuatu, Toga, Tegua, Hiu, îles Mariannes (Hileman et al., 2020), îles de Cook (Roratonga), Tonga, Australie, îles Maldive, Samoa de l’Ouest, Guam, archipel de la Société, Mascareignes (Rodrigues) (Nania et al., 2020).
Introduit. Hawaï, Floride (Hoomgoed et Avila-Pires, 2015), Mexique (Ahumada-Carillo et Weatherman, 2018), Nicaragua (Sunyer et al., 2013), Costa-Rica, Panama, Brésil, Équateur (dont Galapagos), Colombie (dont San Andres, Providencia, Islas del Rosario, Bolivar) (Hoomgoed et Avila-Pires, 2015; Señaris et al., 2017), Chili (Urra et al., 2020), Suriname, Venezuela (Señaris et al., 2017).
Caraïbes: Bahamas (Paradise Island) (Krysko and MacKenzie-Krysko 2016; Liebgold et al., 2019), Cuba (Bosch et Paez, 2017), Iles Caymans (Goetz and Burton 2018), Iles Turques-et-Caïques (Ruhe et Ruhe, 2019), Guadeloupe (Basse Terre et Grande Terre) (Lorvelec et al., 2017; Borroto-Paez, 2018), Trinidad et Tobago (Auguste et Fifi, 2020), Curaçao (Behm et al., 2019).
Biologie et écologie
Habitat. La distribution globale de l’espèce reflète sa préférence pour un climat tropical à sub-tropical. Le gecko nain est capable d’évoluer dans une grande diversité d’habitats naturels et anthropisés. On le retrouve ainsi au sein des de mangroves et d’environnements côtiers, dans les forêts humides, mais également dans les zones urbaines et péri-urbaines où les éclairages artificiels offrent une source de nourriture facilement accessible et abondante (Hoogmoed et Avila-Pires, 2015).
Régime alimentaire. Nectarivore, frugivore et insectivore (Perry et Ritter, 1999; Nafus, 2012).
Reproduction. Le gecko nain est une espèce parthénogénétique (Griffing et al., 2019), c’est-à-dire que les femelles pondent des œufs se développant sans la nécessité d’être fécondés. Les mâles sont rares, et les spécimens étudiés se sont tous révélés être stériles (Brown et Murphy-Walker, 1996; Saiko et Ota, 1998; Röll et Düring, 2008). Plusieurs lignées clonales ont été identifiées et décrites. Au moins deux de ces lignées sont issues d’évènements d’hybridation avec Lepidodactylus moestus (Radtkey et al., 1995) et L. pantai (Karin et al., 2021).
Les femelles peuvent se reproduire au bout de 5 à 9 mois, puis se reproduisent tout au long de l’année (Brown et O’Brien, 1993; Griffing et al., 2018, 2019). La ponte de de deux œufs est collée sur un support, l’éclosion intervenant après environ 2 mois d’incubation (de 65 jours à 25,5°C à 103 jours à 22°C; Brown et Duffy, 1992). Griffing et al. (2018) indiquent un nombre moyen de 50 oeufs produits chaque mois à partir d’un pool de 60 individus.
Comportement. Les femelles sont plus agressives que les mâles (Brown et Murphy-Walker, 1996). Cette agressivité, tout comme la propension à interagir avec d’autres individus (de la même espèce ou d’espèces proches), varie d’une lignée clonale à une autre (Short et Petren, 2008; Murakami et Hayashi, 2018). La personnalité des individus (en l’occurrence leur caractère plus ou moins timide ou téméraire) s’avère également variable en fonction de l’habitat (Sakai, 2019).
Impact et gestion des populations introduites
Impact. L’impact du gecko nain sur les écosystèmes natifs des régions d’introduction reste méconnu.
Gestion. Aucune mesure de contrôle ciblée n’est à ce jour établie dans les différentes régions d’introduction de l’espèce.
Bibliographie
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